jeudi 16 juillet 2009

Une histoire extraordinaire. Une dame, une collègue et une amie extraordinaire

Le 5 juin j’écrivais un article sur Cristal Bordeleau. Je l’appelais la grande unificatrice de Rideau. La raison étant que Cristal Bordeleau avait rallié toute la compagnie à sa cause afin d’amasser de l’argent pour participer au cyclo-défi contre le cancer. Cristal a pédalé sur plus de 200 kilomètres entre Montréal et Québec pendant deux jours sous la pluie abondante.

Cristal m’a envoyé un courriel au sujet de sa randonnée. Avec sa permission et celle des personnes mentionnées dans le courriel, je l’affiche tel quel avec les photos reçues. Le courriel parle de lui-même et se lit sans commentaire.

Ça en dit beaucoup sur Cristal… Ça en dit beaucoup sur Rideau.

Je suis tellement fier de Cristal et reconnaissant qu’elle fasse partie de la famille Rideau.

De : Cristal Bordeleau
Envoyé : Le mercredi 15 juillet 2009 11:26 AM
À : Peter Hart
Objet : Cyclo-défi contre le cancer 2009

Cher Peter,

Permettez-moi de commencer en disant merci. Merci à vous pour votre soutien, votre générosité et vos paroles encourageantes. Honnêtement, je manque de mots pour vous exprimer toute ma gratitude adéquatement. Sans votre soutien, et la famille de Rideau, je n’aurais jamais pu participer à cette magnifique aventure. Je parle d’aventure car pour moi partir du point A pour se rendre au point B c’est une destination mais de vivre entre le point A et le point B c’est une aventure. Se lever à 4 h 30 le samedi matin fut tout un exploit. À ce moment là, ma perception de la vie demeurait la même. C’était seulement moi, Cristal se préparant à faire du vélo pour une cause. Je n’étais pas préparée pour la suite.

Je suis arrivée au stade olympique à 6 h 30 pour prendre mon maillot, enregistrer mon vélo, m’inscrire et transporter mon équipement vers les camions, etc. J’étais occupée et plus ou moins consciente de mon environnement. Il y avait beaucoup d’informations à assimiler d’un seul coup. On nous a servi un déjeuner continental et nous pouvions entendre le son des crampons et vélos tout autour, c’était un peu mouvementé.

7 h, les haut-parleurs se faisaient entendre “Tous les cyclistes doivent s’avancer vers la ligne de départ, veuillez vous rendre à la ligne de départ, nous commencerons les cérémonies d’ouverture...”

"Permettez-moi de commencer en vous remerciant de nous aider à amasser des fonds pour faire avancer la recherche sur le cancer de l’Hôpital général juif…”

"... Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire que pour notre premier cyclo-défi contre le cancer au Québec, vous êtes 1450 cyclistes qui avez permis de ramasser 5,7 millions de dollars...”

“... Veuillez vous donner une bonne main d’applaudissements…”

Lorsque j’ai entendu ces chiffres, je me tenais debout et très fière en pensant que ma famille Rideau avait contribué à réunir cet énorme montant. Mon coeur battait fort.

7 h 45

“... Cyclistes, votre sueur n’est rien à comparer aux larmes et à la peine des patients souffrant de cancer, mais votre soutien leur apportera un réconfort, maintenant soyez fiers et pédalez... "

Après cette phrase, j’ai tourné la tête afin de me mettre en ligne et ce que j’ai vu a changé ma perception sur la vie ainsi que sur la force et l’unité des humains. J’en ai perdu le souffle. Une jeune fille, pas plus vieille que Veronica, se tenait avec sa mère, les larmes glissant sur ses joues et tout ce que j’ai vu c’est qu’elle touchait son coeur avec sa main en disant “Merci” à tous les cyclistes qui passaient près d’elle. C’était un visage de résilience, de peine et de gratitude. J’ai pédalé dans le stade olympique avec des larmes dans mon coeur et sur mon visage. Cette jeune fille m’a touchée pour toujours.

Jour un :

Les raisons pour lesquelles je participais à ce cyclo-défi devenaient plus claires et je savais que je ne pourrais le faire seule, j’avais besoin d’une source d’inspiration extérieure. J’ai pensé à Francine, qui en me faisant une étreinte vendredi me remerciait tout en m’expliquant ses craintes, j’ai pensé à ma mère d’adoption qui a vaincu deux cancers du sein et a survécu, à mon grand-père qui a vaincu deux cancers et a survécu et à deux autres qui étaient avec moi, même si je ne les connaissais pas, Mimi pour sa force, son courage, son esprit vif et ses paroles préventives lorsqu’elle a visité Rideau pour nous parler de l’importance des examens et bien entendu, j’ai aussi pensé à votre mère. Je savais que je pédalais pour deux familles, la mienne et ma famille adoptive. L’amour, la compassion et la résilience de ceux qui m’entouraient m’ont permis de passer à travers la première journée.


À travers la pluie, les côtes, les paysages ruraux splendides, je pédalais à en perdre haleine. Je devenais de plus en plus consciente que j’étais un peu folle de faire cette randonnée sur un vélo de montagne... ce fut ma première «note à moi-même : prochaine fois, un vélo pour la route.» :) J’ai passé une grande partie de la première journée à pédaler seule. Ça permet de réfléchir. Entre chaque arrêt, il y avait des «postes d’encouragement.» Ça réconfortait d’entendre des mots d’encouragement et des applaudissements tandis que je pédalais, ça m’a donné ainsi un regain d’énergie. Tout au long de ces stations il y avait des survivants du cancer exprimant de vive voix leurs remerciements. Je ne pouvais que répondre par des yeux humides et un doux sourire, aucun mot ne pourrait jamais exprimer tout ce que je ressentais pour eux.

J’ai traversé Trois-Rivières à 16 h 45 toujours sous la pluie... beaucoup de pluie. Chaleur et froid. Mes jambes étaient en feu. J’ai appris que j’étais à 15 minutes du camp de base. 17 h pile, j’arrivais à la destination de la première journée. Trempée, frissonnante, courbaturée et ne formant qu’un tout avec mon vélo, je me suis rendue au parc de stationnement des vélos et j’ai entendu cet air qui m’a fait sourire et pleurer. Ce n’était ni une ballade ni une chanson d’amour... c’était YMCA :). J’étais pressée de sauter dans la douche et de trouver chaleur et confort dans mon molleton Rideau.

Les festivités furent agréables. La bonne humeur régnait. Des musiciens ont joué et le premier jour se terminait. 20 h 45, je dormais dans ma tente.


La nuit fut pluvieuse et froide mais ça valait la peine sauf pour ‘l’appel de la nature’ à 1 h du matin... appel dont j’aurais pu me passer… :)

Jour deux :

4 h 45 Grand réveil. Ramassage de tout l’équipement (mouillé) et déjeuner. Discussion avec quelques personnes et on a estimé qu’environ 1/4 des cyclistes ne partiraient pas. Il y a eu plusieurs blessures le jour précédent variant entre égratignures, coupures, support cervicale et hypothermie. J’étais chanceuse, je n’avais rien. Je n’avais que les jambes endolories et un genou très sensible mais mon coeur était prêt à aller de l’avant.

Le déjeuner fut servi et à 7 h j’étais prête à partir. Le système de haut-parleurs s’est fait entendre de nouveau pour nous indiquer la route, même si nous avions un livret et nous souhaiter une randonnée en toute sécurité. Tandis que nous pédalions et que j’avais roulé sur 10 km, je savais que j’avais un problème. Je me suis rendue au premier arrêt et j’aurais dû rester là mais je ne l’ai pas fait. J’ai continué vers le deuxième arrêt, un autre 20 kilomètres plus loin et j’ai ressenti une douleur atroce, mais mon entêtement et ma détermination me poussaient à me rendre à l’arrêt pour le lunch. Tandis que je pédalais, j’ai rencontré un monsieur qui m’a soutenue sans savoir qu’il me donnait une grande leçon sur le fait de ne jamais abandonner, mais c’est une autre histoire. L’arrêt pour le lunch, 30 kilomètres plus loin pratiquement toujours en pente. Donald et moi avons parlé tout au long du parcours. Il a une belle philosophie de la vie et les sauveteurs ainsi que les bénévoles l’appelaient Monsieur Sourire avec raison. Et bien, Monsieur Sourire et moi avons lunché ensemble et nous nous sommes dirigés vers le troisième arrêt, celui où je ne me suis jamais rendue.

Je dois admettre que ce fut la chose la plus difficile à faire pour moi alors que je savais que je lâcherais mais, Donald a trouvé les bons mots qui ont fait en sorte que j’ai fait signe aux ambulanciers. Il m’a dit «Cristal, quel serait le but de détruire complètement ton genou aujourd’hui ? Ça veut dire que tu ne pourrais plus participer l’an prochain. Tu ne lâches pas, tu t’épargnes pour le deuxième tour... » Il avait raison !

Les sauveteurs sont venus me chercher et ont pris bien soin de moi. De la glace pendant 6 heures, traitement appliqué à ma grande surprise par l’épouse de Donald. J’ignorais alors que je venais de me faire des amis pour la vie. Ce fut agréable d’être en compagnie de l’épouse de Donald car j’étais sur place pour le voir arriver à 18 h, le dernier cycliste à traverser les arches avec un grand sourire. Ils ont eu la gentillesse de me ramener chez moi en toute sécurité.

Merci Peter de lire mon aventure et pour l’étreinte d’hier :)

Sincèrement

CJ

p.s. Ce molleton Rideau m’a sauvé la vie... Comme je disais, cette couverture fut non seulement une source de chaleur, de confort mais aussi de force et de courage tandis que je la regardais en montant les pentes et que je voyais le visage de tous mes collègues qui m’ont soutenue et, elle m’a aussi permis d’épargner mes fesses :) car ma selle n’étant pas la meilleure, la couverture est devenue un coussin à plusieurs reprises. Hourra pour la couverture Rideau.

p.p.s. Un merci spécial à Trinh, pour son coup de main avec mes messages textes durant le week-end. La prochaine fois, le personnel de notre service participera à la marche de 5 km le 4 octobre prochain.

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